Saviez-vous qu’un litre de vin a besoin de 400 litres d’eau pendant sa croissance végétative ?
Le régime hydrique de la vigne est connu pour avoir la plus grande influence sur la physiologie de la vigne (rendement, vigueur de la plante, potentiel de qualité du raisin). C’est aussi le plus difficile à mesurer, à prévoir et à gérer, notamment en raison du changement climatique et des impacts des stress abiotiques. L’évaluation de l’état hydrique de la vigne permettra de déterminer s’il est non limitant, faiblement limitant ou si la vigne subit un véritable stress hydrique. L’arrosage ne sera pas suffisant pour surmonter les dommages causés par un stress sévère. Des pratiques culturales spécifiques aideront le viticulteur à obtenir un juste compromis entre le rendement et le potentiel qualitatif des raisins.
Grâce à sa capacité d’exploration racinaire, la vigne peut tolérer un certain niveau de contrainte hydrique. Il appartient au viticulteur de fixer le seuil maximal à ne pas dépasser en fonction de son objectif de production (rendement, qualité, sucre etc.) La contrainte hydrique peut être légère à modérée pour le vin blanc et modérée à forte pour le vin rouge de garde (Colloque IFV 2014). Cependant, il est bien connu que ce n’est pas seulement l’intensité de la sécheresse qui a un impact sur la vigne mais aussi l’occurrence et la durée du stade qui influence le poids final des baies et donc leur composition et leur rendement (Zufferey et al. 2020).
Quel est l’impact physiologique du stress hydrique sur la vigne ?
La première réponse à la sécheresse est la fermeture des stomates (Düring 1987), ce qui entraîne une diminution des échanges gazeux et un arrêt précoce de la croissance végétative (Chaves et al. 2010).
La diminution de l’activité photosynthétique entraîne une production moindre de sucre, ce qui signifie une réduction des exportations de sucre dans les organes puits tels que les baies, les racines ou les bourgeons latents. Au final, cela peut être problématique pour la maturation du vin ou la constitution de réserves. Les impacts négatifs sur la croissance et le développement végétatif pendant la saison en cours auront une influence négative sur la production d’hydrates de carbone de la vigne qui représente une source d’énergie importante pour une production durable.
Le stade d’apparition du stress hydrique aura un impact différent sur le rendement de la vigne. Un manque d’eau important avant la floraison peut indirectement réduire le nombre de baies/raisins en raison d’une diminution de la photosynthèse. Selon la littérature, un déficit hydrique sévère avant la véraison réduira le poids des baies de la saison en cours, et le nombre de pieds de vigne de la saison suivante. Ceci est dû à l’impact sur la différenciation des primordia d’inflorescence dans le bourgeon latent. Le stress hydrique a un impact sur le rendement et la qualité de l’année N et aussi de l’année N+1.